Les Héveas

Issu de vieilles familles de la Réunion , Jean-Pierre LEFEVRE-GARROS est né en Indochine. C'est un ancien élève du Lycée Albert Sarraut où il a fait ses études secondaires. Membre de notre association, nous avons toujours grand plaisir à le rencontrer lors des réunions de l'A.L.A.S.

Successivement correspondant de guerre en Indochine, correspondant de l'Associated Press au Nord Viêt Nam, planteur d'hévéas au Cambodge, éleveur de bovidés au Canada puis de nouveau journaliste, notamment à l'Agence France-Presse, au Gabon et à Paris, Jean-Pierre LEFEVRE-GARROS consacre sa retraite à l'Ecriture : histoire des débuts de l'aviation, publications pour la réhabilitation de la mémoire de son oncle aviateur, Roland Garros (1), roman : "Les Hévéas ou la saignée à mort".

Comme l'indique sa préface, ce livre n'est pas "une étude de type historique sur le monde hors du monde des plantations d'hévéas", ce n'est pas non plus un "énième témoignage" après vingt-sept années vécues par son auteur "dans son pays natal". C'est un roman qui nous entraîne dans un milieu particulier, celui des planteurs d'hévéas d'Indochine, un roman captivant par la véracité des protagonistes.

L'histoire de la fondation et de l'évolution de la SAPHIA , Société Agricole de plantations d'hévéas d'Indochine et d'Annam, toile de fond de ce roman est particulièrement intéressante.

Cette société qui a obtenu la concession d'une vaste étendue de terre rouge est en pleine expansion. Au gré des brûlages intensifs de la forêt, les cultures avancent. Mais la situation politique qui règne dans le pays conduit à la séparation des établissements de Cochinchine et du Cambodge.

Les luttes de pouvoir internes, les enlèvements, l'insécurité, rythment la vie des nombreux personnages de ce récit qui se déroule au cœur de la guerre menée par les Etats-Unis, côtoyée au quotidien mais que l'on s'efforce d'éloigner des esprits…

Le talent de conteur de Jean-Pierre LEFEVRE-GARROS, la précision de la langue dans ses descriptions minutieuses, son style enlevé suscitent un intérêt permanent malgré la profusion des personnages. Parmi ceux-ci, M. Tran Van Thuoc, chef de bureau qui "sait tout et ne dit rien ou presque", est remarquable. Les dialogues de même que la construction de ce roman en plans successifs sont dignes d'un cinéaste.

Cette fresque d'une corporation avec ses rites, où se mélangent fictions et souvenirs, a une filiation avec "Le sacrilège malais" de Pierre Boulle.

Note1 : la bande dessinée qu'il a réalisée avec Marcel Uderzo a obtenu la Médaille de bronze 1994 de l'Académie Nationale de l'Air et de l'Espace.