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BULLETIN 184
1er tr. 2009

Sommaire

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Le mot du Président

Décisions du CA 11/12/2008 - Nouveaux adhérents - Changements d'adresses - Nos joies-Nos peines. In Mémoriam

Messe du Souvenir

Assemblée Générale du 28 mars 2009 : Convocation

Le Cercle de l'ALAS-Les Repas à Paris

La vie des Sections

Festivités du 50è anniversaire de l'ALAS
Un peu d'histoire

L'année KỶ SƯỬ
  - Horoscope
  - Personnalité du signe du Buffle
  - Le Buffle et ses symboles
  - La légende du Buffle (poème)

Le combat de Buffles

Bulletins d'inscrition aux festivités du TÊT et 50è anniversaire de l'ALAS

Connaissez-vous le "Chung Chê" ?

Lorsque nous serons vieux ...

Parcours d'un historien du Vietnam. Interview de l'auteur, Philippe Papin, par Marcus Durand

Dossier : L'hôpital Grall de Saigon, miroir de l'Histoire

87è Congrès de l'Union des "A"

Notes de lecture
    - "L'Indochine d'antan"
    - "Félix Dioque, un Colonial"

Expositions
    -
"trésors de Dunhuang"
    - Infiniment "Indes"

Message du Trésorier

Bon de commande "Mémoire du Lycée Albert Sarraut"

 


 

 

 


L'HÔPITAL GRALL de SAÏGON, MIROIR de l'HISTOIRE

"Le passé a besoin de notre mémoire"

                                                         Vladimir Jankélévitch

 

Zone de Texte: Le Stèle du jardin de l'Hôpital Grall  Yersin et Calmette

 

L'Hôpital Grall a marqué de son empreinte l'histoire commune de la France et du Viêt Nam durant près d'un siècle. Sa réhabilitation à partir de 1990 est un bel exemple de coopération médicale franco-vietnamienne, adaptée aux nouvelles relations entre les deux pays. La réussite de cette renaissance accompagnée de sessions de formation est due a de multiples acteurs, tant gouvernementaux que non gouvernementaux, en particulier aux membres de la dynamique association des "Anciens et des Amis de l'Hôpital Grall", fondée par le très regretté Louis José Courbil, ancien Inspecteur Général du Service de Santé des Armées, ancien chirurgien-chef de Grall. Son cœur et son ardeur ont eu raison des expertises de plusieurs grandes entreprises françaises, dont l'un des représentants fort considéré avait déclaré:" J'ai examiné cet hôpital, toutes les canalisations sont bouchées, il est totalement pourri et la meilleure solution est de le raser pour bâtir, en plein centre de la ville, un bel établissement moderne !" . Finalement, Bernard Kouchner, alors ministre de l'Action Humanitaire confiera au Pr Courbil le budget et le programme de restauration de ce "monument historique" qui s'appellera "Nhi Dong Hai-Grall".

On ressent la joie immense de ce dernier lorsqu'il écrit, quelques années après :" On peut rencontrer, à la fin de ce XX ème siècle, dans les belles allées de cet hôpital de jeunes élèves des écoles de santé militaire de Lyon et de Bordeaux, refaisant le parcours quotidien de leurs grands anciens, Yersin, Calmette, Grall et bien d'autres, il y a plus d'un siècle. On n'a pas de peine à imaginer le bufflon de Calmette broutant la pelouse, devant ces bâtiments de 1880, en vue de la préparation du vaccin antivariolique… ces jeunes médecins retrouvent dans ce pays d'Asie les passions qu'ont connu leurs aînés."

 

Ces passions, toujours vivaces, perpétuent la mémoire collective de cet établissement réputé pour son intense activité scientifique et la qualité des soins pratiqués. C'est grâce aux travaux et aux découvertes d'Albert Calmette, mondialement connu, de Paul Louis Simon et des praticiens de Grall qui ont contribué aux progrès de la médecine, que cet hôpital a acquis sa célébrité.

 

Il a connu au cours de sa longue histoire différentes affectations : Hôpital de la Marine , Hôpital colonial, Hôpital des Forces expéditionnaires françaises d'Extrême-Orient, puis Hôpital civil avant d'être rétrocédé aux autorités vietnamiennes en juillet 1976. Ces changements d'appellation sont le reflet de l'Histoire de la France et du Viêt Nam.

 

L'HÔPITAL GRALL, UN MODELE de l'ARCHITECTURE COLONIALE

 

L'Hôpital de la Marine a été la première infrastructure hospitalière de la colonie. Il s'agissait d'une construction provisoire de 500 lits constituée de baraques en bois, dont l'évolution suivra l'implantation française en Cochinchine. La construction de l'hôpital tel qu'on le connaît aujourd'hui a été décidée le 20 octobre 1873 et rapidement réalisée. Elle devait répondre aux critères et au fonctionnement suivants :

- une structure pavillonnaire permettant d'éviter les contagions ;

- des bâtiments surélevés pour les dégager de l'humidité du sol ;

- de vastes salles aérées donnant sur de larges vérandas orientées dans le lit du vent.

Le service de l'hôpital est assuré par des médecins de la Marine. Aux ordres d'un médecin-chef, servent des dizaines de médecins, secondés par des infirmiers militaires, des infirmiers vietnamiens et par des sœurs de Saint Paul de Chartres.

 

Les établissements Eiffel réalisent une magnifique construction parfaitement adaptée aux conditions climatiques et au mode de vie local : toitures de petites tuiles rondes, vérandas aérées, grande hauteur sous plafonds, premier niveau rehaussé d'un mètre et maçonnerie en briques enduites et chaulées. Le dispositif pavillonnaire permet l'isolement des malades selon les pathologies en même temps qu'il facilite la circulation des personnels d'une unité à l'autre. Le bâtiment central, de deux étages, est ceinturé par une véranda circulaire, dont la "peau" extérieure est formée par des arcades métalliques soutenues par des piliers en fonte. Sur ces arcades, des claustras en briques forment un quadrillage perforé servant au renouvellement constant de l'air. Des escaliers métalliques desservent l'étage, divisant le bâtiment en tranches. Ils constituent de larges puits d'aération allant du sol à la toiture. Chaque chambre prend aération sur la véranda par de larges ouvertures en bois sur cadre métallique servant à la fois de portes et de fenêtres, dont les persiennes jouent le rôle de pare-soleil

 

Cet hôpital, admirablement bien situé en plein cœur de Saïgon, pensé uniquement en termes d'hygiène, sans fioritures décoratives, était très en avance sur l'esthétique moderne. Il est considéré aujourd'hui comme un monument historique du patrimoine vietnamien.

 

 

LA MUTATION de l'HÔPITAL : RÔLE DU DOCTEUR DUONG QUYNH HOA

 

La prise de Saïgon (30 avril 1975) et la réunification des deux Viêt Nam (nord et sud) vont entraîner un bouleversement dans les hôpitaux de Saïgon.

 

Le Dr Duong Quynh Hoa, qui arrive du maquis du sud Viêt Nam, est à l'époque ministre de la Santé. C'est une personnalité charismatique, de haute valeur morale et de grande compétence. Elle avait connu l'hôpital Grall lors de ses études (1948) et sera à l'origine de sa transformation en hôpital pédiatrique. Elle va le choisir comme site de son activité scientifique, dès 1978. Dans un long courrier adressé au MGI Courbil où elle évoque la remise de l'hôpital Grall aux autorités vietnamiennes et son fonctionnement, en 1976 et 1977, comme hôpital des cadres avec 200 lits en service ; où elle évoque aussi la demande qu'elle a reçue du gouvernement pour la création d'un hôpital pédiatrique et son emplacement, elle donne les raisons de son choix :" Mon choix s'est porté de suite sur Grall, pour les raisons que vous devinez : c'est un hôpital central, d'accès facile, construit d'après le système pavillonnaire, avec un jardin garantissant un environnement agréable aux enfants hospitalisés, avec possibilité d'extension des bâtiments.

C'est à cette occasion que j'ai connu le Dr Bernard Kouchner et à qui j'ai suggéré d'aider l'ex hôpital Grall, qui pour moi gardait toujours l'empreinte française."

 

C'est le point de départ du "Projet Grall", une ambition franco-vietnamienne, reposant sur les deux protocoles d'accord signés le 23 octobre 1990 et le 10 février 1993.

 

Porte de l'Hôpital Grall

Suite de ce dossier dans le prochain numéro du Bulletin

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