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BULLETIN 183
3è & 4è tr. 2008

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NOTES DE LECTURE
  - La belle histoire des Missions     Etrangères (1658-2008)
  - La petite fille de M. Linh

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Bon de commande "Mémoire du Lycée Albert Sarraut"

NOTES de LECTURE

LA BELLE HISTOIRE DES MISSIONS ETRANGERES (1658-2008)

 

Auteur : Gilles VAN GRASDORFF
Editions PERRIN , Octobre 2007
492 pages, dont 16 pages d'illustrations en couleurs - Prix : 24 € TTC

 

Dans l'introduction de son livre "LES TIGRES AURONT PLUS PITIE"- (1) , le Père Christian SIMONNET écrivait ""Beaucoup qui ont parlé et écrit sur les missions ne semblent pas avoir la moindre idée sur les conditions impossibles dans lesquelles elles ont été fondées et se sont développées. Beaucoup qui ont l'air de croire que "les missions" sont aujourd'hui de l'histoire ancienne, ne semblent pas avoir la moindre idée des conditions dramatiques dans lesquelles l'œuvre se poursuit au milieu des évènements tels qu'ils sont ; jamais dans des circonstances idéales ou avec des acteurs impeccables."

Ce n'est pas le cas de Gilles VAN GRASDORFF (2) dont "La belle histoire des Missions Etrangères" deviendra à coup sûr un ouvrage de référence Ce livre remarquable d'informations est encore enrichi par de nombreuses notes, un glossaire très complet et des illustrations de qualité. Un livre savant certes, mais écrit dans une langue limpide, et conduit d'un bout à l'autre avec une grande maîtrise. Remontant jusqu'au premier âge des missions romaines, puis européennes après la désagrégation de l'empire romain ; mondiales à partir du XVI ème siècle après les découvertes de Christophe Colomb, de Vasco de Gama et de Magellan, ce livre s'achève sur la période contemporaine. Le champ balayé est donc large dans le temps, mais aussi dans l'espace, comme le montre la carte géographique indiquant les villes et les lieux où ont servi et servent encore les Missions Etrangères depuis 1658.

Leur histoire a pour origine la requête d'Alexandre de Rhodes, jésuite avignonnais qui a fondé les églises du Tonkin et de Cochinchine et a connu cinq expulsions. Il demande avec insistance l'envoi d'évêques pour former un clergé local. Le 29 juillet 1658, le pape Alexandre VII nomme respectivement François Pallu et Pierre Lambert de La Motte vicaires apostoliques du Tonkin et de la Cochinchine. Ils auront à affronter un voyage long et périlleux à travers des contrées inconnues, l'hostilité des deux puissances coloniales de l'époque, le Portugal et l'Espagne. Voyageant séparément, Lambert atteindra le Siam (l'actuelle Thaïlande) au bout de dix-huit mois et Pallu après vingt quatre mois. Ils établiront dans ce pays leur première mission. Les Missions Etrangères sont nées. C'est le début du clergé autochtone et des églises locales marqué par la fondation, en 1663, du Séminaire des Missions Etrangères de Paris.

Il occupe le bâtiment en bordure de la rue du Bac. Le 27 octobre 1663, la chapelle provisoirement aménagée dans une des salles du rez-de-chaussée est bénite en présence de l'ancien propriétaire de l'immeuble : Bernard de Sainte Thérèse, évêque de Babylone. Bossuet prononce le sermon de circonstance. La Société des Missions Etrangères est définitivement fondée. Sa vocation, les pays d'Extrême-Orient (3)

Après une période d'adaptation (XVII ème et XVIII ème siècles), les prêtres des Missions Etrangères s'installent, à partir de 1820, en Chine et en Inde, en Corée et au Japon, en Mandchourie et au Tibet, en Birmanie et en Malaisie. C'est aussi le temps dses martyrs entraînant des interventions militaires de la France ou de l'Angleterre en Cochinchine et en Chine…

Ils appliquent les instructions données par les autorités romaines, en 1659, à Pallu et Lambert :" Ne mettez aucun zèle, n'avancez aucun argument pour convaincre ces peuples de changer leurs rites, leurs coutumes et leurs mœurs, à moins qu'ils ne soient évidemment contraires à la religion et à la morale. Quoi de plus absurde que de transporter chez les Chinois la France , l'Espagne, l'Italie ou quelque autre pays d'Europe. N'introduisez pas chez eux nos pays, mais la foi…"

Cette inculturation passe par l'apprentissage des langues. Ces missionnaires étudient les us et coutumes locales, cartographient les territoires où ils effectuent leur mission évangélisatrice, collectent des données sur la faune et la flore. De 1680 à 1962 leurs travaux vont jouer un rôle de premier plan sur la linguistique et l'étude de 61 langues d'Asie. Partout, ils construisent des lieux de culte, des hôpitaux, des dispensaires. Vivant avec leur temps, ils ne négligent pas les apports du "Progrès". A la fin du XIX ème siècle, ils utilisent les nouveaux moyens d'information en créant des infirmeries, des bibliothèques, en publiant revues et journaux, en éditant des cartes postales à partir de photos prises dans leurs missions.

Passée leur apogée au XIX ème ssiècle, les Missions Etrangères vont être confrontées aux guerres et aux conflits qui ont ensanglanté le XX ème siècle. Gilles Van Grassdorff en fait l'historique. Il consacre plusieurs pages aux Missionnaires d'Indochine qui ont payé un lourd tribut. C'est une période au cours de laquelle les prêtres des Missions Etrangères se sont attachés à développer des Eglises locales dotées de leurs propres pasteurs auxquels ils apportent leur aide.

" En ce début de troisième millénaire, les Missions Etrangères de Paris s'efforcent plus que jamais de bâtir un pont entre l'Eglise de France et les églises locales d'Asie. C'est précisément la mission que, dès 1658, François Pallu leur avait assignée."

Il nous est permis d'avoir une pensée nostalgique et reconnaissante pour le R.P. Cadière, Mgr Seitz, le Père Simonnet… Il nous est permis de regretter leur absence dans ce livre. Cela n'entache pas la richesse et la qualité du bel hommage rendu aux Missions Etrangères par Gilles Van Grassdorff au moment où elles fêtent leur 350 ème anniversaire.

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(1) - Editions France-Empire , 1977 - p. 7

(2) - Grand spécialiste du Tibet, ce journaliste a publié de nombreux ouvrages dont la "Biographie non autorisée du dalaï-lama" (Plon 2003) et chez Perrin en 1006, " La Nouvelle Histoire du Tibet.

(3) cf en annexes : la lettre patente de Louis XIV approuvant cette fondation - l'acte de ratification par l'abbé de Saint-Germain et la lettre de confirmation par le légat du Saint-Siège

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