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BULLETIN 186
3é et 4è tr. 2009

Sommaire

Le mot du Président

Décisions du CA 11/06/09 - Nouveaux adhérents - Changements d'adresses - Nos peines.

In Memoriam - Agenda

Rencontre du 21-11-09 aux M.E.P.

LA VIE DES SECTIONS
 - Marseille-Provence
 - Nice Côte d'Azur
 - Californie

Le Cercle de l'ALAS-Les Repas à Paris

Echo du mémoire : "Où bat le coeur de Hanoi"

Francophonie, le tournant ?

Dossier :
Histoire de la manufacture de HANG KENH

Le fonds Auguste-Pavie

Actuelles

EXPOSITIONS
 - Les Buddhas de Shandong
 - Arts sacrés du Bhoutan

NOTES DE LECTURE
  
 - Le cygne de Saigon
   - Au Zenith

Le courrier des lecteurs

Bon de commande : Mémoire et Annuaire de l'ALAS

Le Message du Trésorier


FRANCOPHONIE, LE TOURNANT ?

Ces dernières années, un fort courant de pensée a émergé au sein du monde francophone, grâce à l’action de MFI, l’agence multimédia de Radio France internationale (RFI). La grande question est de savoir dans quelle direction doit évoluer la littérature francophone afin de conserver ses positions, et si possible en gagner, face à la perspective d’une hégémonie anglo-saxonne.
Or, beaucoup d’auteurs d’outre-France déplorent que, face à ce danger, la francophonie ‘’héritée de l’empire colonial français, trop empreinte d’un paternalisme révolu’’, a conservé d’étouffantes velléités de domination.

Le mouvement Littérature-monde en français, est en train de faire bouger les lignes dans l’univers des Lettres françaises. Partant du constat que de plus en plus d’ouvrages francophones sont primés en France, signe que l’on reconnaît aujourd’hui plus volontiers l’importante contribution de ces auteurs d’outre-France à l’élargissement des frontières de l’imaginaire littéraire français, il pose la question suivante : littérature francophone ou littérature-monde en français ?

La question secoue l’univers de la francophonie littéraire depuis bientôt deux ans. « Pendant longtemps, ingénu, j’ai rêvé de l’intégration de la littérature francophone dans la littérature française. Avec le temps, je me suis aperçu que je me trompais d’analyse. La littérature francophone est un grand ensemble dont les tentacules enlacent plusieurs continents. La littérature française est une littérature nationale. C’est à elle d’entrer dans ce grand ensemble francophone. ». Ce constat quelque peu amer est fait par Alain Mabanckou, un des chefs de file du mouvement Littérature-monde.

La révolte grondait depuis longtemps, mais elle a éclaté au grand jour en mars 2007. Elle a pris la forme d’un manifeste, signé par un collectif de quarante-quatre écrivains, avec à leur tête Michel Le Bris, le fondateur du festival Etonnants voyageurs. Le Manifeste des 44, relayé par un livre paru trois mois plus tard, réunissant vingt-sept textes-professions de foi, proclame l’émergence d’une littérature de langue française transnationale qui marque, selon ses signataires, la fin de la francophonie héritée de l’empire colonial français, trop empreinte d’un paternalisme révolu. Comme modèle, le collectif cite la nouvelle littérature anglaise, prise d’assaut par les enfants de l’ex-empire britannique, alors que les institutions littéraires françaises tiennent les écrivains francophones en marge, une « variante exotique tout juste tolérée ».

Parmi les signataires du Manifeste, on trouve quelques-unes des grandes figures des littératures francophones – Nancy Huston, Tahar Ben Jelloun, Amin Maalouf, Alain Mabanckou, Abdourahman Waberi... –, mais aussi des écrivains français influents tels que J.-M. G. Le Clézio, prix Nobel de littérature 2008, Eric Orsenna, Jean Rouaud et quelques autres. Cette solidarité des hommes et des femmes de la plume traduit, au-delà de la ligne de fracture français-francophone, une nouvelle étape dans la réorganisation des lettres de langue française. Francophones et Français se reconnaissent dans ce concept de littérature-monde tandis que les institutions de la Francophonie – malgré des efforts dont l’un des plus notables est la remise du Prix des cinq continents, ouvert à tous les écrivains de langue française d’où qu’ils viennent – peinent à réunir sur un même plateau les deux tribus.
D’où la question « qui tue » : pourquoi la littérature française n’est-elle pas considérée comme une littérature francophone parmi d’autres ?

 

 

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Vũ Hoàng Châu