A L'AFFICHE

Alasweb mars 2007

MUSÉE GUIMET, UNE NOUVELLE SAISON REMARQUABLE

Voir photos du Bodhisattva

Le Musée National des Arts Asiatiques Guimet crée sans cesse l'évènement.

Autour de ses collections

  • Du 21 septembre au 21 décembre 2006, le public a découvert une statue exceptionnelle d'un boddhisattva  ; acquisition venant rejoindre les collections chinoises du Musée Guimet, le plaçant ainsi au côté du Metropolitan Museum de New York, du Museum of Arts de Boston, et du British Museum de Londres. C'est un évènement historique, puisque aucune oeuvre de cette taille n'était apparue sur le marché depuis le début de la seconde guerre mondiale. Haute de deux mètres quarante, cette statue cultuelle en grès rougeâtre représente un boddhisattva, « être d'éveil », qui se trouvait sans doute parmi un groupe statuaire dressé sur l'autel principal d'un temple, réuni autour du Bouddha. Sa gestuelle est conforme au canon répandu dans tout le monde bouddhique. La main gauche, dans laquelle apparaît le bouton de lotus, figure le geste du « Don ». La droite, relevée, brisée au poignet, pourrait esquisser le geste de "l'Absence de crainte " ou bien, plus probablement, être retournée, douceur d'un geste qui manifeste le don de soi. Cette statue-colonne serait l'oeuvre de l'école provinciale des grands ateliers impériaux de la région de Taiyuan, au centre de la province du Shanxi, alors sous le règne de la dynastie des Qi septentrionaux (550-577).
  • Un chef-d'oeuvre de sculpture khmère datant du règne d'Indravarman (troisième quart du IX e siècle) dont l'histoire est incroyable.

Vers 881, le roi cham Indravarma fonde au centre de sa capitale un temple-montagne consacré à Shiva. Il a l'aspect d'une haute pyramide au pied de laquelle sont édifiés huit sanctuaires comportant notamment des statues de Shiva et de ses épouses. L'ensemble forme le temple de Bakong. En 1931, le site d'Angkor est abandonné. La majorité des temples Khmers anciens, dont celui de Bakong envahis par la forêt tropicale, tombent progressivement en ruine.

Sous la conduite de Maurice Glaize, conservateur des monuments d'Angkor à l'Ecole Française d'Extrême-Orient, des travaux de restauration sont entrepris en 1935 permettant la découverte de sculptures. C'est ainsi qu'est retrouvé un corps féminin sans tête dans les ruines du temple de Bakong. L'historien d'art Philippe Stern, alors conservateur au Musée Guimet, avec l'accord des autorités indochinoises et l'E.F.E.O., sélectionne en 1936 un choix représentatif d'oeuvres khmères et cham destinées au Musée Guimet, sans pour autant porter préjudice aux collections des musées du Cambodge et du Viêtnam. Le corps féminin provenant des ruines du secteur ouest du temple de Bakong en fait partie.

 

 

 

 

 

 


En 1939, au cours de travaux effectués dans le secteur oriental de ce temple, parmi d'autres sculptures les archéologues découvrent une tête en parfait état de conservation, à l'exception du lobe de l'oreille gauche. Les proportions du visage, ses traits, sa coiffure, son diadème sont autant d'indices prouvant qu'il s'agit d'une divinité féminine. On la place en dépôt dans les réserves de la Conservation d'Angkor.

En 1974, S.E. John Gunther Dean, ambassadeur des U.S.A. se voit remettre cette pièce en gage de gratitude pour les actions humanitaires qu'il a menées tout au long de la guerre civile ayant ravagé le Cambodge.

En 2006, à l'occasion de ses quatre-vingts ans, l'ex-ambassadeur décide de faire un don conséquent au Musée Guimet, en remerciement du rappel fait, au moment de l'exposition « Trésors d'art du Viêtnam : la sculpture du Champa », de son rôle dans la protection du musée Cham de Danang, lors du conflit américano-vietnamien. Pour des raisons stylistiques, c'est la belle tête exhumée des ruines du temple de Bakong qui est choisie. A son arrivée au musée et contre toute attente, elle s'avère ne faire qu'un avec ce corps féminin conservé en France depuis soixante-dix ans. Les deux pièces ayant été réunies, c'est dans son intégrité que l'on peut admirer aujourd'hui, au musée Guimet, cette statue unique.

UNE EXPOSITION A NE PAS MANQUER

AFGHANISTAN, LES TRÉSORS RETROUVÉS
COLLECTIONS DU MUSÉE NATIONAL DE KABOUL
6 décembre 2006 – 30 avril 2007

Après « Afghanistan, une histoire millénaire », présentée au musée Guimet en mars 2002, cette exposition permet de découvrir le patrimoine de quatre sites archéologiques majeurs :

  • Fulol, dont les vases en or se font l'écho de la civilisation de Bactriane (2200-1800 av.J.-C.) et du rôle essentiel de la région entre le Moyen-Orient et la civilisation de l'Indus.
  • Aï-Khanoun (fin du IV e siècle – milieu du II e siècle av. J.-C.) incarne la présence de l'hellénisme au coeur de l'Asie Centrale et son influence dans la région. Les lingots d'or rappellent la richesse des aventuriers grecs, tandis que la plaque de Cybèle illustre la symbiose avec des traditions plus orientales.
  • La nécropole de Tillia-Tepe, la « colline d'or » (I er siècle av. J.-C.), à la frontière nord, qui est la dernière grande découverte avant que l'Afghanistan ne tombe dans le chaos. Six tombes princières intactes, recelant des parures funéraires de toute beauté ont été exhumées. Pendentifs, ceintures, miroirs chinois, ivoire indien ou encore pierres fines gravées en creux gréco-romaines soulignent la place charnière de l'Afghanistan sur la route des steppes.
  • Bagram dont les pièces montrent le déplacement du centre du pouvoir vers le sud, la puissance et le luxe d'une cour (I er –III e siècle) sous l'influence des mondes indien, chinois et grec. L'exposition rassemble certaines des pièces les plus emblématiques des collections de Kaboul.

Les 220 pièces exposées racontent deux siècles de l'histoire afghane, de l'Age du Bronze à l'empire des Kouchous. Cette exposition s'accompagne de la restauration d'un grand nombre d'oeuvres, en vue de la réintégration des collections dans le musée de Kaboul ; en restaurant et en mettant en valeur le patrimoine afghan et les influences culturelles qu'il a subies (iranienne et proche-orientale, indienne, scythe, chinoise et hellénistique) le musée Guimet contribue largement à sa protection. Protection d'un trésor retrouvé de manière surprenante en août 2003.

En effet, le musée de Kaboul aux mains des Talibans avait été détruit et pillé durant la guerre civile (1992-1996), les Bouddhas de Bamiyan réduits en poussière en mars 2001...En août 2003, le président afghan Hamid Karzaï annonça que le trésor disparu avait été retrouvé : à la fin des années 1980, le président Najibullah l'avait fait secrètement transporter dans les sous-sols de la banque centrale d'Afghanistan.

Il vous appartient d'aller admirer ces pièces inestimables transportées de Kaboul à Paris en avion militaire. Les compagnies d'assurances demandaient le versement de plus d'un million et demi d'euros de primes !

Accès :
Musée des arts asiatiques Guimet
6, Place de Iéna
75116 Paris
Métro : Iéna, Boissière – RER C : Pont de l'Alma – Bus 20.30.32.63.82
Tél. 01 56 52 53 00. Ouvert tous jours, sauf le mardi, de 10h à 18h
www.museeguimet.fr

Prix d'entrée :
Billet exposition seule : tarif plein 7 €, tarif réduit 5 €
Billet exposition + musée : 8,50 €, tarif réduit : 6 €

Publication :
Catalogue de l'exposition, co-édition RMN/musée Guimet, prix 45 € environ
Sources  : Services Communication/ Presse du musée Guimet

 

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