Dans nos sociétés dites «
modernes », l’envie de communication est devenue frénétique.
Paradoxalement, en même temps, la solitude gagne chaque jour du
terrain. Les associations se multiplient. Le besoin de voyager apparaît
de plus en plus fort. Certains font la tournée des connaissance
et amis, d’autres s’en vont se ressourcer dans leur province,
d’autres encore sont avides de dépaysement ou en quête
d’autres cultures … Aux voyages « avions et clés
en mains » des professionnels du tourisme, d’aucuns préfèrent
concocter eux-mêmes leurs itinéraires en y incluant, par
exemple, des balades festives. C’est dans cet état d’esprit
que nous avons réalisé ce dossier.
Monuments historiques, temples, pagodes, pagodons, dinh (1), paysages
font de Hanoi et ses « ceintures vertes » une région
chargée d’histoire et d’émotion. Capitale
du Vietnam et province, Hanoi englobe quatre districts urbains et onze
district ruraux où se sont maintenus des croyances, des pratiques,
des rites ancestraux qu’on peut retrouver ou découvrir
dans les fêtes populaires.
Les fêtes présentées ici ont survécu aux
assauts de la guerre et de la vie moderne. Elles permettent de plonger
« joyeusement » au cœur des légendes, de l’Histoire,
des coutumes ancestraux du Vietnam.
FETES DE CO LOA (6ème jour du 1er mois lunaire)
Situé à 16 km au
nord de Hanoi, CO LOA, « la citadelle en colimaçon »,
a été fondée par le roi THUC AN DUONG qui régna
de 214 à 208 av. J.-C.. De récentes fouilles ont mis au
jour un grand nombre de haches en pierre ou en bronze et de pointes
de flèches en bronze. CO LOA représente pour l’époque
une véritable prouesse architecturale. Selon la légende,
elle put être réalisées grâce aux interventions
magiques de la Tortue d’Or, KIM QUY, qui aida le fondateur du
royaume d’AU LAC à vaincre les hordes démoniaques.
La fête de CO LOA célèbre le culte du roi AN DUONG
auquel a été dédié un temple. La «
procession de l’invocation rituelle », collée sur
une tablette, donne lieu à une cérémonie solennelle
durant jusqu’à la tombée de la nuit. Ensuite, à
la maison communale, se succèdent feux d’artifice, chansons
populaires, pièces de théâtre classique. Cette fête
se termine le 15ème jour du 1er mois lunaire. Dans la journée,
les « Anciens » jouent aux cartes, aux échecs. Les
femmes d’un certain âge vont au cultes dans les pagodes
et les temples. Les jeunes s’adonnent aux jeux traditionnels (balançoire,
lutte, traction à la corde, tir à l’arbalète,
concours de cuisson du riz, combats de coqs, etc. …). Peut-être
les ont-elles fait leur apparition pour des rodéos ? …
Toujours est-il que les habitants des environs affluent en grand nombre
pour cette grande fête de printemps.
FETES DU TEMPLE DE SOC (7ème jour du 1er mois lunaire)
Ce temple se trouve dans les
contreforts du mont de SOC(2) et dépend du district de SOC SON
(40 km de Hanoi). Pour s’y rendre, prendre la RN N° 1 jusqu’au
pont de DUONG, puis le RN N° 3 qui traverse le district. Au bout
de 2 km on arrive au marché de MA. Tourner à gauche au
hameau de VE LINH.
La fête de ce temple est dédiée au génie
de DONG. Selon la légende, sa mère mit le pied sur une
empreinte de pied géante. C’est ainsi que fut conçu
et naquit GIONG (3). L’enfant ne parlait pas à trois ans
et passait son temps couché. Les aN envahirent le royaume. Le
roi (HUNG, le sixième) dépêcha des envoyés
dans tout le VAN LANG pour recruter des hommes aptes à les refouler.
Apprenant la venue d’un de ces envoyés et le contenu de
sa mission, GIONG se redressa et pria sa mère de l’inviter.
Il lui demanda de lui procurer un cheval et une cravache en fer. Le
roi répondit favorablement à cette requête. GIONG
s’étira et se transforma en géant. Il partit à
l’assaut des envahisseurs. Beaucoup furent tués, les autres
s ‘enfuirent. Après sa victoire, GIONG gravit au galop
le mont SOC, ôta son manteau, l’accrocha à un calambac
puis s’envola dans les cieux avec son cheval de fer. Tout le monde
l’appela désormais le génie de DONG.
La fête annuelle consacrant son culte permit d’assister
au bain de sa statue, aux processions des tiges de fleurs de bambou
(symbolisant sa cravache), de l’éléphant (en bambou
tressé, recouvert de papier), du bétel (offrande à
sa mère), des pirogues en papier pilotées par des marionnettes
tenant des pagaies et des armes. Pour finir se déroule la «
décapitation des officiers ennemis », symbolisant la décapitation
des femmes officiers AN. Toujours suivant le légende, ils étaient
commandés par vingt-huit femmes officiers !
CONCOURS DE CUISSON DU RIZ ATHI CAM (8ème jour du 1er
mois lunaire)
THI CAM est dans la banlieue
de Hanoi. Pour accéder à ce village, prendre la RN 11A.
Près CAU DIEN (8 km) tourner à gauche, rouler encore 3
km en longeant la rivière NHUE.
Ce concours commémore la légende de PHAN TAY NHAC, général
du dix-huitième roi HUNG qui, au cours de ses tenues de garnisons
à THI CAM, organisa pour ses soldats des concours de cuisson
du riz. A sa mort, les villageois l’instituèrent génie
tutélaire. En ces temps reculés, obtenir du feu et cuire
le riz constituait un exploit !…
La fête débute par la « course à l’eau
» et le concours du tirage du feu ». Une poignée
de paille froissée placée entre deux barre de bambou serrées
sert d’amadou. Le feu est obtenu par le frottement des écorces.
Ensuite s’enchaîne dans une course contre la montre :
Le pilonnage du paddy suivi du
vannage, afin d’obtenir du riz décortiqué
Le pilonnage du riz décortiqué
pour avoir du riz blanc
La cuisson du riz dans des bols
placés dans des marmites de terre cuite enfouies dans la cendre.
THI CAM regroupe quatre hameaux.
Chacun d’eux désigne dix hommes pour former l’équipe
qui le représentera au concours, ainsi que leur chef. Afin de
gagner du temps au cours de toutes ces épreuves, les hameaux
font plusieurs tas de cendres de pailles. Par cette ruse, ils contraignent
les examinateurs à de longues recherches pour découvrir
les marmites…Pour obtenir le premier prix, le riz doit être
« liant, doux et blanc » et ne comporter qu’une faible
proportion de grains brisés. Sa cuisson doit être aussi
parfaite que possible.
Louise Brocas
(A suivre)
(1) les « dinh » (maisons communales) que
l’on découvre au hasard des promenades intra et extra muros
de Hanoi constituent l’un de ses charmes discrets.
(2) Le mont SOC SON a une altitude de 308 m ; planté
de nombreux pins, il offre un paysage pittoresque.
Bibliographie :
Guides touristiques, notamment
ARTHAUD « Grands voyages », GALLIMARD (bibliothèque
du voyageur)
- « CONNAISSANCE DU VIETNAM » par
Pierre HUARD et Maurice DURAND
- « MILLE ANS DE LITTERATURE VIETNAMIENNE
» - Editions Philippe PICQUIER
- « HANOI, PASSE ET PRESENT » par
NGUYEN VINH PHU
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